Différent s = Différend s
Trois œufs de poules semblables par leur forme se différencient par leur couleur. L'un est beige, l'autre blanc et le suivant marron.
Ils contiennent chacun un même blanc et un même jaune. Seule la couleur de leur coquille les distingue.
Et cette seule différence est à l'origine des différends que l'on connait...
Si vous découvrez ce genre d’œuf bleu dans votre poulailler, vous êtes sans doute en possession d'une poule araucana, ou tout au moins d'une de ses descendantes.
Les divers croisements, voulus ou fortuits font que parfois certaines poules héritent de ce gêne de leur lointaine grand-tante chilienne.
Ce folio illustre le ramassage des œufs dans un poulailler au moyen-âge. Il est extrait d'un manuel médiéval : Le Tacuinum Sanitatis réalisé par un copiste allemand au XV ème siècle.
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L'original, en langue arabe date du XI ème siècle, il a largement inspiré ce document traduit en langue latine.
Le manuscrit est conservé à la Bibliothèque Nationale de France.
Si en Amérique du Nord les œufs de consommation courante sont blancs, ils sont plutôt de couleur beige en France.
En Amérique du Sud la poule araucana pond des œufs verts.
Dans la région de La Rochelle, la poule marans fait des œufs de couleur chocolat.
La pigmentation de la coquille dépend de la race du volatile et n'influence en aucun cas la qualité de l’œuf.
Dans les grands poulaillers où diverses variétés de poules vivent ensemble, il n'est pas rare de trouver des œufs de différentes couleurs ; blancs, beiges, marron, verts, bleus, chocolat ...
La poule
Jules Renard (1864 - 1910)
Pattes jointes, elle saute du poulailler, dès qu'on lui ouvre la porte.
C'est une poule commune, modestement parée et qui ne pond pas d’œuf d'or.
Droite sous son bonnet phrygien, modestement parée, la poule commune ne pond pas d’œuf d'or.
Éblouie de lumière, elle fait quelques pas, indécise, dans la cour.
Elle voit d'abord le tas de cendres où, chaque matin, elle a coutume de s'ébattre.
Elle s'y roule, s'y trempe, et d'une vive agitation d'ailes, les plumes gonflées, elle secoue ses puces de la nuit.
Puis elle va boire au plat creux que la dernière averse a rempli.
Elle ne boit que de l'eau.
Elle boit par petits coups et dresse le col, en équilibre sur le bord du plat.
Ensuite elle cherche sa nourriture éparse.
Les fines herbes sont à elle, et les insectes et les graines perdues.
Elle pique, elle pique, infatigable.
De temps en temps, elle s'arrête.
Droite sous son bonnet phrygien, l’œil vif, le jabot avantageux, elle écoute de l'une et de l'autre oreille.
Et, sûre qu'il n'y a rien de neuf, elle se remet en quête.
Elle lève haut ses pattes raides, comme ceux qui ont la goutte.
Elle écarte les doigts et les pose avec précaution, sans bruit.
On dirait qu'elle marche pieds nus.
Histoires naturelles (1896)